Sujet : «  Nos désirs nous appartiennent-ils Question » (Djibouti, Bac S,  2005)

Remarque : Sujet qui, par l’évidence de sa réponse (bien sûr ils m’appartiennent, sinon ils appartiendraient à qui !!!), risque d’amener le candidat à ne pas saisir la complexité du rapport à nos propres désirs.



Analyse du sujet : il faut insister sur l’idée possession (« nos », nous, appartiennent) et montrer dans quelle mesure nous sommes les auteurs, la cause, de nos désirs. Il faut envisager l’autre  possibilité (qu’est ce qui ferait de mes désirs, des réalités qui ne sont pas miennes ?).



Chapitres concernés : Liberté - Désir - Conscience - Inconscient - Autrui - Société.



Problème philosophique : Y a t-il une « mienneté » absolue de mes désirs ou ont-ils leurs encrages, et leur genèse dans une réalité étrangère à moi ?

I) La « mienneté » des désirs

1) Différence besoin désir :



Contrairement aux besoins qui ne varient pas d’un individu à un autre, les désirs  sont une réalité qui est construite individuellement et qui est choisie selon chacun. Mes désirs m’appartiennent en ce sens car c’est moi qui les ai choisis.

2) Le rôle de l’imagination dans les désirs :



Les désirs ont leur source en partie dans l’imagination. Chacun a en rêve, des désirs, des fantasmes. En ce sens ses désirs sont siens car ils renvoient à son imagination propre.

3) Liberté et responsabilité face aux désirs



Pour que je sois responsable de mes désirs et de leurs effets, il faut au préalable que j’en sois l’auteur. C’est à dire il faut qu’ils aient été miens.

II) Facteurs externes influençant nos désirs

1) Le poids d’autrui :



Parfois, nos désirs sont calqués sur ceux des autres (effet de mode, similitude, suivisme aveugle). Nous désirons ceci parce que les autres l’ont désiré. Le jugement et le désir de l’autre conditionnent ici mes propres désirs. Ils ne sont pas totalement les miens.

2) Le rôle de la société dans la construction de nos désirs



Il y a aurait un conditionnement social et culturel de nos désirs. Par exemple le désir  pour une femme occidentale de faire du strip-tease pour son mari est un désir conditionné par sa culture d’origine, réalité qu’on aurait du mal à retrouver dans des cultures différentes.

3) Spinoza : L’illusion d’une infaillible appartenance de nos désirs



Pour Spinoza, les hommes ont des désirs, ont conscience de leurs désirs, mais ignorent les causes qui les ont amenés à avoir ces désirs. Et parmi ces causes, nous pouvons citer l’influence des autres, la dépendance à l’égard d’un objet, le conformisme social, autant de réalités étrangères à l’individu.

III) L’aliénation face à ses désirs

1) Le concept d’aliénation



Aliénation signifie être étranger à soi même, à ses désirs, à ce que l’on a produit.
L’aliénation est un processus par lequel le sujet devient dépossédé de lui même et ne se reconnaît plus dans ce qu’il fait, dans ses désirs.

2) La passion comme aliénation



La passion est l’exagération des désirs, elle nous conduit à nous attacher follement à un objet du désir. Il arrive que le sujet veuille lutter contre ses propres désirs, contre la forte attirance pour l’objet de sa passion. Ne pouvant résister à ses désirs, à sa passion, le sujet y demeure attaché contre son gré. Il se sent dépossédé de lui même. Cette flamme qui l’anime est au fond de lui n’est pas si  sienne que cela : c’est l’objet du désir qui l’asservit à lui.