Sujet : « Notre perception des choses est-elle affaire de culture Question »
(Djibouti, Bac L, 2005)

Remarque : Sujet difficile


Analyse du sujet : l’expression « perception des choses » peut se comprendre de deux manières : perception d’objet (ex : je perçois un arbre) ou représentation du monde, des comportements (ex : la perception de l’homosexualité comme mauvaise chose). Le « Est-elle affaire de » suppose une dépendance, un enracinement de la perception dans la culture. Il convient de s’interroger sur cette notion importante qu’est la culture (montrer que la culture est un conditionnement de notre rapport aux mondes, aux autres, et à soi-même).


Problème philosophique : Y a-t-il un conditionnement de la perception, ou la perception serait-elle de l’ordre de l’inné ?

I) La perception : une affaire de culture

1) la culture comme conditionnement de l’individu

La culture est l’ensemble de normes, de manières d’être, de penser, transmises à l’individu, et qui détermineront, conditionneront son rapport au monde. A partir de ce conditionnement, l’individu percevra les choses comme bien, comme choquante. Par exemple  se rembourser entre Djiboutiens 1 euro emprunté est considéré comme une attitude insultante, alors qu’un occidental percevrait comme normale une telle attitude.

2) Différence de culture, donc différence de perception

La culture est ce qui varie d’un individu à un autre, d’un peuple à un autre. Comme la perception est liée à la culture, il en découle qu’une même chose n’est pas perçue de la même manière. Ainsi chez les Massaïs, boire le sang des vaches est perçu comme une pratique normale, qui a des vertus parfois thérapeutiques, alors qu’un européen percevrait cela comme une chose répugnante. Le problème c’est que l’Européen et le Massaï n’ont pas la même culture et surtout qu’ils n’ont pas eu la même éducation.

II) la perception : une affaire d’éducation et d’apprentissage

1) L’éducation à la perception

Très tôt, on apprend, éduque, l’individu à percevoir le monde qui l’entoure et de lui donner un sens (ex : quand tu perçois le feu qui est au vert, tu peux traverser la route). Devant la pluralité des objets qui nous entourent, les parents, les autres, nous apprennent à les percevoir (la tabacologue nous martèlera à percevoir la drogue, le tabac comme réalités nocives).

2) La signification culturelle des objets perçus

Percevoir les objets, c’est apprendre à les percevoir en fonction de leur symbolique, de leur signification culturelle. Ainsi un jeune garçon  en brousse percevra le poignard comme symbole de la virilité, de la force, du pouvoir, alors que sa petite sœur percevra le même objet comme réalité anodine, ou comme symbole de la privation  des femmes du pouvoir par une société patriarcale machiste. Percevoir un objet, c’est le percevoir en lui associant un ensemble de représentations symboliques qui lui sont attachées et qu’on nous a transmises par l’éducation

III) La dimension non-culturelle de la perception

1) La perception est de l’ordre de l’inné

Nous pourrions objecter que notre perception des choses ne doit pas grand chose à un quelconque conditionnement, à une quelconque éducation, et qu’elle serait une réalité innée. La perception renverrait à la spontanéité  naturelle du sujet qui voit le monde, les choses, au fur et à mesure qu’ils lui apparaissent dans ses champs de perception, et qui interprète ce qu’il voit selon les catégories de sa propre pensée (indépendamment de sa culture).

2) Neutralité de la perception

Percevoir, c’est percevoir l’objet sans  lui accorder une signification culturelle. Par exemple en percevant un cahier, je le perçois  comme objet singulier, et en dehors de tout contexte culturel. Je suis neutre dans ma perception (je ne le juge pas négativement car il n’a pas de signification dans ma culture).