Sujet : « Qu’est-ce que faire une expérience Question »

Remarque : Sujet un peu ambigu et un peu difficile
Analyse du sujet : Il convient de s’interroger sur les différentes acceptions  possibles de l’expression « faire une expérience ». Le sujet invite à cerner la spécificité de l’expérience  comme concept d’ordre empirique, d’ ordre philosophiqu et d’ordre scientifique
Problème philosophique : « Qu’est ce qui se dégage comme connaissance  dans notre rapport empirique au réel ? »

I) Faire une expérience : une expression ambiguë
1) Faire une expérience, c’est éprouver un donné :
Le donné dont on fait l’expérience renvoie au réel empirique, qui s’offre spontanément à notre perception, à notre conscience. Ainsi du jeune badaud, on peut dire qu’il en train de faire une expérience : celle  de percevoir le spectacle de la rue.
2) Faire une expérience, c’est vivre une certaine réalité
De l’amoureux déçu, on dira qu’il a fait l’expérience de la déception sentimentale, et de l’alcoolique, on dira qu’il a fait l’expérience de la dépendance à l’égard de l’alcool. Dans ce cas, faire une expérience, signifie vivre, ressentir, une certaine réalité d’ordre émotionnel, physiologique, etc.. C’est ainsi que nous distinguons les novices( ceux qui sont inexpérimentés dans tel domaine, qui n’ont pas encore fait l’expérience de telle ou telle chose) et les expérimentés ( ceux qui ont fait l’expérience plusieurs fois)
3 )Faire une expérience, c’est manipuler ce même réel empirique :
du jeune lycéen qui est en cours de chimie, nous dirons qu’il est en train de faire des expériences ( ex :  mélanger de l’eau avec tel autre produit chimique). L’expérience ici donc est une activité de manipulation d’un donné dont le but de le connaître , d’en tirer des conclusions. Ici l’expérience s’inscrit dans le cadre de l’expérimentation. Expérimenter , c’est toujours faire une expérience, mais ici, cette expérience obéit à une logique de vérification d’une hypothèse, d’une théorie.
 II) Les conditions  pour faire une expérience
1)  On ne peut faire l’expérience des réalités accessibles à notre conscience, à notre esprit.
Il en découle qu’il est impossible de faire l’expérience des vécus d’autrui : c’est un toujours un « je » qui fait une expérience, ce qui montre  à la fois le caractère individué de l’expérience, et la miennété des sensations, des vécus.
2) On ne peut faire l’expérience que de ce qui peut être l’objet d’une intuition sensible dans l’espace et dans le temps. En effet tout objet ne nous apparaissant pas dans ce cadre spatio-temporel , ne peut être un objet dont on a fait l’expérience ( ex : on ne peut faire l’expérience du Paradis, de l’Enfer, du Jugement Dernier, etc..)
III) Faire une expérience, c’est apprendre
1) Les leçons de l’expérience :
Dans son rapport au réel empirique, l’homme apprend un ensemble de connaissance . ainsi  l’alcoolique qui a fait l’expérience de la dépendance sait les effets de l’alcool. Faire une expérience d’une chose, c’est porter un regard rétrospectif sur ce vécu, sur cette expérience. L’expérience mobilise la mémoire comme faculté de rétention du vécu, et mobilise aussi la conscience comme faculté de jugement sur ce vécu.