Sujet : «  Une interprétation peut-elle prétendre à la vérité Question »
        (Djibouti, Bac ES, 2005)

Remarque : sujet difficile , tant la notion d’interprétation est difficile
Analyse du sujet : Bien faire attention au caractère singulier de l’interprétation (une et non pas des).
Le verbe pouvoir ici renvoie à la légitimité ( l’interprétation comme recherche du sens caché, comme déchiffrement de la signification latente d’un texte, d’un acte, d’un rêve, conduit-elle légitimement au vrai ?).
Problème philosophique : Quelle légitimité doit-on conférer à une interprétation ?

I) Le caractère faillible d’une interprétation
1) Subjectivité et dimension personnelle de l’interprétation :
Une interprétation est par nature singulière, et donc subjective. Par conséquent passer de ma subjectivité à la vérité est une chose difficilement concevable ( ne faut-il pas plutôt dire qu’une interprétation unanimement acceptée peut prétendre à la vérité ?). Cette interprétation empreinte de subjectivité, nous la retrouvons par exemple en histoire ( un historien peut interpréter le colonialisme comme une réalité motivée par le souci d’humaniser, de civiliser , les Africains, alors que les colonisateurs étaient mus par un souci d’exploiter les matières premières des pays colonisés).
2) Une interprétation peut être erronée
Entre le paranoïaque qui interprète négativement le regard, le geste et les mots d’autrui, l’amoureux qui interprète le moindre sourire de celle qu’il veut conquérir comme un désir réciproque, et le superstitieux qui interprète les calamités naturelles comme une colère des ancêtres morts ; il n’y a qu’un seul point commun : ils sont tous dans l’erreur. Ils prétendent trouver un sens qui leur échappe, une réalité qui les fuit. Dans ma singularité, la vérité m’échappe, ainsi que le sens vrai des dires, des gestes, des phénomènes.
3) Interprétation et psychanalyse :
Même si Freud s’évertue à donner un sens aux rêves ( un rêve = un désir refoulé), aux lapsus (un lapsus= une intention inavouée), l’interprétation peut prêter à discussion. Ainsi la bonne et vraie interprétation du lapsus, n’est –elle pas de dire que le lapsus renvoie à un état de relâchement, de fatigue de la conscience et non à une intention inavouée ?

II) Ce qui pourrait légitimer cette prétention à la vérité
1) La recherche de l’accord :
Etant donné qu’une interprétation peut être erronée, il serait plus juste de chercher l’accord, l’unanimité des interprétations. L’unanimité entre les herméneutes deviendrait l’élément qui pourrait légitimer cette prétention à la vérité.

2) Une maîtrise de l’herméneutique, de l’art d’interpréter
Si celui qui interprète (ex : l’exégète) a une expérience confirmée dans son domaine, une maîtrise de la science herméneutique , alors son interprétation pourrait prétendre à la vérité.
Ex : Le médecin interprète les manifestations cutanées et en déduit qu’il s’agit de telle ou  telle maladie dermique ( ex : rougeole, varicelle, allergie, etc…).